« L’un des deux hommes, cela se voit au premier coup d’œil, est un voyageur. Les Thaïs ne s’encombrent pas d’objets, lui si. Il porte une sorte de sacoche de facteur ; elle contient son petit fatras. La carte de Bangkok (Bangkok est un pays), son passeport (qui lui permet de vérifier de temps à autre qui il est), son carnet de notes rouge, relié pleine toile (où doit s’inscrire ce voyage), son ci, son ça, son n’importe quoi. Elle est assez rebondie, cette sacoche, et le rend très visible. Les gens pauvres qui le croisent, ou qui se sont gracieusement drapés sur le sol (les riches vont en voiture), y jettent un regard envieux. Dans le soï (ruelle transversale d’une artère importante), la grande ville paraît soudain très lointaine. Les deux hommes se tiennent sous un arbre au vert intense. Derrière une palissade délabrée s’élève une musique enchanteresse, une musique thaïe. Enigme des paroles, velours du son. Cela ne sent pas bon, quelque part une trappe est restée ouverte qui donne sur les enfers » (extrait.)
Cees Nooteboom, grand voyageur néerlandais, a écrit ce petit livre subtil et humoristique, surement à force de se perdre dans Bangkok, d’y croiser des bouddhas de toutes sortes, de toutes tailles et dans toutes les matières !
Dominique
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