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Bon voyage

En arrière plan, merci aux enfants du Refuge pour le dessin.


mercredi 26 mai 2010

Apichatpong Weerasethakul


En cette période tourmentée pour la Thaïlande, c’est avec émotion que nous apprenons que le jury du festival de Cannes, présidé par Tim Burton, a attribué la Palme d'or au réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul pour « Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures ».

Du 1er octobre 2009 au 3 janvier 2010 avait lieu à Paris une exposition d’Apichatpong qui comportait des bribes de film issues de ce long métrage.

En visitant un temple, non loin de chez lui, dans le nord-est de la Thaïlande, Apichatpong avait rencontré un moine qui lui avait offert un livre, dont il était l’auteur, intitulé : « A man who can recall his past live »

Ce livre racontait l’histoire de Boonmee qui se rappellait ses nombreuses vies antérieures.

C’est ce livre qui a inspiré le scenario du film d’ Apichatpong.

Dans cette intention, il a visité de nombreux villages dont Nabua, dans la province de Nakhon Panom.

Des années 60 à 80, Nabua fût une base de l’armée thaïlandaise, d’où étaient déclenchées des opérations contre les insurgés communistes de la région. Fuyant les exactions commises par l’armée, beaucoup de villageois se refugièrent dans la jungle. De violents combats eurent lieu dans les rizières, des fusées illuminaient le ciel nocturne, les hommes avaient fui le village qui n’était plus habité que par les femmes et les enfants.

Ainsi ce village est encore à ce jour hanté de souvenirs douloureux.

Apres la fin de la guerre froide, le gouvernement thaïlandais souhaita se réconcilier avec les villageois en leur offrant des terres en échange de la restitution de leurs armes.

On oublia les morts.

Dans le projet « Primitive », Apichatpong se penche sur ce village de Nabua, y filme les adolescents dans leur vie quotidienne. Il s’agit aussi de « réactiver leurs mémoires » et de « redonner vie à leurs souvenirs ».

Dans ces extraits de films, on y voit des impressions de lumières, celles du soleil, celles plus artificielles des tubes fluorescents et des diodes, celles naturelles des éclairs et du feu qui « exhument les esprits ».

« C’est un hommage aux forces destructrices, celles de la nature, celles qui sont en nous, celles qui brûlent pour renaître, se réincarner et se transformer » A.W

L’ exposition comportait 8 extraits: Primitive, Nabua, Making of the Spaceship, a Dedicated Machine, an Evening Shoot, I’m still Breathing, Nabua Song, Phantoms of Nabua.

Nous y découvrons la vie des adolescents de Nabua qui se mêle au passé refoulé de ce village, comme s’il fallait se libérer de tensions devenant insupportables.

Apichatpong nous permet ainsi d’aborder « les complexités qui nous habitent – celles du passé, de notre imaginaire, celles de nos émotions » afin de les rendre plus familières et de s’accorder avec elles.

Né à Bangkok en 1970, Apichatpong a passé son enfance à Khon Kaen, dans le nord-est de la Thaïlande. Il y a fait ses études universitaires avant de poursuivre des études de cinéma à Chicago.

Ses films, comme une maladie d’amour dans « Tropical Malady », un hommage à ses parents médecins pour « Syndromes and a century », évoluent hors du commun. Ils invitent le spectateur à ressentir les sources et le sens de son existence, à envisager les réincarnations, à se laisser aller à la contemplation, à la méditation, à songer à l’expérience spirituelle.

Syndromes and a century

Texte: Dominique

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